Julia Fox a eu 9 vies comme n’importe quelle féline. Dans son autobiographie, qui revient sur une large partie de sa jeunesse, en Italie, dont elle est originaire, puis à New York, où elle déboule très jeune, elle se livre sans détour sur son parcours underground. Voire carrément erratique. Entre fugues à répétition, addiction aux drogues, passage par la case GaV, écoles buissonnière tous les quatre matins, petits larcins et grosses conneries, écriture de poèmes à la Jim Carroll, une brève période d’escort girl puis de dominatrix dans un donjon sexuel. Jusqu’à cette expérience de photographe amatrice où Julia Fox a mis en images sa vie dissolue mais totalement assumée. En 2016, une de ses expos photos met en lumière son travail qui s'inscrit quelque part entre Larry Clark, Dash Snow ou encore Richard Kern et Ryan McGinley.
Puis arrive la sortie progressive mais définitive d’un certain tunnel, en enchaînant deux rôles au cinéma, un dans le confidentiel PVT Chat, où elle incarne une dominatrice SM, expérience inspirée de sa propre vie, donc, puis dans le fameux hit Uncut Gems des frères Safdie. Aujourd’hui, après une autobio, le lancement de ce premier single, lors d’une teuf organisée par l’hyper-popstar Charli XCX, Julia Fox a désormais une émission de mode sur une chaîne de télévision américaine, OMG Fashun. Elle a aussi quelques nouveaux projets cinématographiques sous le coude. L'artiste est le nouveau symbole d'un empowerment féminin dans une industrie du spectacle américaine opérante une lente mutation. Une chose est sûre : Julia Fox est définitivement dans la place !
Dans le clip de Down the Drain, on la voit prendre à coeur son rôle de mère mais aussi de femme. Elle dépose son fils à la garderie puis part à la recherche de son meilleur ami, le modèle Richie Shazam, dans une odyssée violente et burlesque qui n’est pas sans rappeler une version décalée du film Kick-Ass. Ou réalisée par le réalisateur lubrique Russ Meyer. Costumée de la tête au pied, avec une appétence pour le latex, Julia Fox est une sorte de Batgirl gothique. Celle-ci éclate les méchants-pas-beaux de ce qui semble être membres d'une secte sataniste. Puis sauve le pauvre Richie avant de retourner chercher son fils à la sortie de la garderie. Preuve s’il en est que la nouvelle icône de la mode arrive à enchaîner sa vie empreinte d’un lifestyle instagrammable et son rôle de génitrice avec une flexibilité qui rappelle celle des super-héros.
Dans le single Down the Drain, qui tire son titre de l’autobiographie éponyme de Julia Fox sortie en 2023, la chanteuse en herbe scande un refrain aux allures de manifeste féministe émancipatoire. “Je suis une sal*pe, je suis une fille, je suis une femme, je suis une p*te !” Un refrain catchy, éminemment politique, qui accroche directement l’oreille, sur une instru électro bien lourde rappelant du Crystal Castles. Ce refrain s’impose comme un mantra de vie, aussi, qui définit l'artiste en tant que telle puisque celle-ci assume son côté hypersexuel à grand coup de costume d'infirmière ou de catcheuse sexy. Dans une version alternative du refrain, elle ajoute qu’elle est également, parmi toutes ces appellations, “une mère”. De fait, son fils, Valentino, apparaît au début et à la fin du clip de Down the Drain. Un moyen radical de montrer qu’on peut être à la fois mère dévouée et femme libre.
Il fut un temps au Julia Fox n’était qu’une petite sensation arty dans le New York underground avec ses photos narrant le quotidien erratique d’une jeune fille junky avant l’heure. Puis, fin des années 2010, la rencontre avec les frères Safdie lui permet d’obtenir un rôle conséquent dans le thriller speed Uncut Gems, face à un Adam Sandler à contre-emploi. C’est une petite révélation chez les cinéphiles. Finalement, le grand public découvre peu ou prou Julia Fox grâce au rappeur controversé Kanye West. Les deux ayant eu une brève liaison sulfureuse et très médiatisée après Uncut Gems. Puis Julia Fox a percé dans le domaine de la mode. Maintenant, elle s’attaque à la pop avec son tube au refrain trash et au clip provoc’, Down the Drain.
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