En évaluant le climax de la série, "Silhouette" présente une combinaison de mélodies contagieuses et universellement attrayantes ainsi qu'une dose inébranlable d'émotion authentique, une correspondance parfaite avec l'esprit de Naruto. En écoutant la chanson, vous entendrez probablement de nombreuses couleurs harmoniques intéressantes qui ajoutent une émotivité sans vergogne, si distincte des lexiques de la J-pop et de la J-rock. Dans cet article, nous mettons en lumière quelques-uns de ces accords dans "Silhouette" qui sont spécifiquement empruntés en dehors de sa tonalité principale (ré majeur), et discutons de la manière dont ils s'intègrent dans la composition plus large et impactent l'expressivité de la musique. Des captures MIDI transcrivant la mélodie vocale et la progression d'accords (avec les accords que nous analysons en gras) et des extraits audio sont fournis pour vous aider à voir et entendre exactement ce qui se passe. Plongeons-nous !
Avant tout, reconnaissons que presque tous ces accords sont intéressants à leur manière. Les suspensions, les ajouts, les septièmes et les renversements ajoutent des saveurs intéressantes même aux accords diatoniques qui décrivent largement des mouvements simples de type I-IV-V. Cela dit, tous les accords utilisent exclusivement des notes supplémentaires qui appartiennent directement à la tonalité de ré majeur, à l'exception d'un seul - le A#o7. Bien que ce soit juste pour un bref instant, le A# dans cet accord ajoute une intensité unique par rapport au reste en servant de sensible à la Bmin7 suivante. Le concept de cette note pourrait en fait vous sembler assez familier ; de nombreuses chansons à travers les genres et les géographies emploient l'accord III (ou V/vi), son cousin plus populaire qui présente la même sensible que sa tierce. Écoutez l'accord reliant l'intro instrumentale au premier couplet d'une autre ouverture populaire de Naruto Shippuden, "Blue Bird" d'Ikimonogakari, pour un exemple de cette couleur :
Le son de l'accord à 0:25 est un accord III7, qui se résout également agréablement vers l'accord vi (vu également comme une cadence V7 - i si nous regardons la relative mineure, autour de laquelle la chanson est centrée).
Après que les huit premières mesures du couplet se soient déroulées, nous commençons à boucler avec à la fois la même mélodie vocale et les accords d'accompagnement. Cela crée l'attente que la progression d'accords va rester cohérente tout au long - après tout, beaucoup d'entre nous sommes habitués aux 'progressions de quatre accords' qui répètent les mêmes quelques accords encore et encore pour toute une section d'une chanson. C'est là que nous avons notre deuxième surprise. Le sixième accord de la progression, qui était précédemment un F#min7add4, est remplacé par un audacieux Cadd9. Ce dernier peut sembler plus simple en termes de sa voix, mais ce qui le rend si inattendu, c'est que le C♮ n'appartient pas naturellement à la tonalité de ré majeur. Alors, qu'est-ce qui rend cet accord surprenant, mais pas totalement aléatoire ? Il y a quelques choses qui font que ça marche. Premièrement, il est loin d'être l'accord le plus étranger possible ; les autres notes (E, G et D) s'intègrent toutes bien dans notre tonalité principale. Deuxièmement, lorsque nous prenons du recul et regardons le mouvement des fondamentales à travers la progression plus large, nous voyons que le Cadd9 continue une ascension chromatique sur laquelle nous sommes depuis les trois derniers accords - cela aide notre oreille à en faire un peu plus de sens quand il arrive. Enfin, l'accord est suivi par un accord de sol majeur, et bien que nous ne le tonifiions pas, Cadd9 pourrait appartenir à la tonalité de sol majeur, ce qui nous aide à en sortir un peu plus facilement. Ce Cadd9 peut être vu comme ce que nous appelons vaguement un accord de passage - bien qu'il soit non diatonique et un peu épicé, il s'intègre parfaitement dans la trajectoire des accords diatoniques qui le précèdent et le suivent. Cela permet à notre oreille de l'interpréter comme un moment fugace de couleur harmonique cool qui ajoute un contraste émotionnel subtil mais significatif par rapport à la première moitié du couplet.
Quoi de mieux qu'un seul accord de passage ? Une progression entière basée sur eux ! L'analyse traditionnelle nous dit que les premiers accords du pré-refrain sont assez complexes, incluant des accords tels que Bm/A# et D♭5. Cependant, il est important de ne pas trop réfléchir ; si vous regardez de près, tout ce qui se passe vraiment ici est un triade Bm répétée quatre fois, avec la fondamentale descendant d'un demi-ton à chaque répétition. Finalement, cette racine descendante atterrit agréablement sur l'accord de sol majeur diatonique, ce qui nous remet sur la bonne voie pour préparer le refrain. Ces sortes de descentes chromatiques sont omniprésentes dans la musique populaire japonaise. Par exemple, le refrain de "asphyxia" de Cö Shu Nie (une chanson qui a servi d'ouverture pour Tokyo Ghoul:re) présente des accords de passage similaires qui relient un Dm à un B♭maj7. 1:23 - 1:26 de la version acoustique de la chanson met clairement en évidence le chromatisme. Bien que sans rapport avec le puissant jutsu de Nagato, la chanson de l'auteur-compositeur et utaite Mafumafu, "Rinne Tensei", présente également une série d'accords chromatiques descendant à la fin de son refrain. Écoutez les accords chromatiques à 1:12 - 1:15 qui préparent la fin du refrain.
Alors voilà ! Bien que cela puisse sembler que nous avons passé à côté du point focal de la chanson (le refrain), nous avons en fait déjà découvert ses secrets harmoniques, car il réutilise simplement les progressions entendues dans le couplet. Lorsque vous pensez à incorporer ce genre d'accords et de progressions uniques dans votre propre musique, il est toujours important de ne pas se perdre dans la sauce. N'oubliez pas de prendre du recul de temps en temps pour vous demander : Cet accord non diatonique sert-il et aide-t-il à nuancer les émotions que j'essaie de transmettre ? Ou, est-ce que cela les distrait en réalité ? Dans le cas de "Silhouette", KANA-BOON semble toujours privilégier l'impact émotionnel avant tout, et c'est ce qui rend la chanson si mémorable. Avez-vous des questions sur l'un des concepts que nous avons abordés ? Quels morceaux aimeriez-vous que nous analysions ensuite ? Engagez une conversation avec nous et une communauté toujours croissante d'autres créateurs de musique via le Discord de Splice.
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